Culture, sciences et société
Un cycle de conférences intitulé « Manga eiga VS anime ? » Films et séries d'animation au Japon de l’après-guerre à nos jours, aura lieu mardi 5 décembre et mardi 12 décembre à 18h30 à la Haute école des arts du Rhin.
À l’occasion de la sortie en salles du Garçon et le héron, dernier long-métrage de Hayao Miyazaki, ce cycle de conférences reviendra sur l’histoire et l’esthétique de l’animation japonaise en se concentrant sur ses productions d’après-guerre, pour le cinéma puis la télévision, avec pour fil rouge le parcours de Miyazaki (1941-) et son aîné Isao Takahata (1935-2018), de la Tôei au Studio Ghibli.
Ce cycle de conférences est organisé et s’inscrit dans le programme de recherche du laboratoire De Traits et d’esprit de l’atelier d’Illustration de la Haute Ecole des Arts du Rhin, financé par le Ministère de la Culture et de la Communication.
1 / « Le cinéma d’animation japonais des années 1950 à nos jours : de la fantasy à l’hyper-réalisme ».
- 5/12 18h30 Auditorium de la HEAR - Strasbourg
Cette conférence reviendra d’abord sur l’état du cinéma d’animation japonais au sortir de la Seconde Guerre mondiale, et se concentrera ensuite sur les productions du principal studio actif dans la période qui suit : Tôei, et sa volonté affichée de proposer un « équivalent oriental à Disney ». À travers les principaux longs-métrages produits par la Tôei dans ses premières années d’activité et les contributions spécifiques de ses animateurs et réalisateurs (notamment Hayao Miyazaki et Isao Takahata), on verra en quoi son esthétique épouse mais également se distingue de ses modèles occidentaux, avant que le choc impulsé par l’arrivée de l’animation télévisée ne bouleverse profondément les logiques de production de l’animation japonaise, et la fassent évoluer en réaction vers des directions multiples, dont des réalisateurs tels Katsuhiro Ôtomo, Mamoru Oshii, Satoshi Kon puis Makoto Shinkai, Masa’aki Yuasa ou encore Naoko Yamada poursuivront l’exploration jusqu’à nos jours.
2/ « L’animation télévisée japonaise des années 1960 à nos jours : la « malédiction Tezuka » et son héritage ».
- 12/12 18h30 Auditorium de la HEAR - Strasbourg
En janvier 1963, la diffusion du premier épisode d’Astro Boy, adaptation de son manga à succès par Osamu Tezuka qui a fondé pour l’occasion son propre studio d’animation, révolutionne les conditions de production et l’esthétique de l’animation japonaise. Là-bas comme ailleurs, on pensait alors impossible de produire à flux tendu un volume suffisant pour tenir les contraintes de la diffusion hebdomadaire. Mais le pacte faustien passé par Tezuka avec son diffuseur et ses sponsors le force à adopter une logique de moins disant qui aura de lourdes conséquences sur l’avenir de l’animation japonaise, déjà touchée par la baisse progressive des entrées cinéma. Les plus grands studios adoptent en effet les idées implémentées par Tezuka, et l’animation devient définitivement un secteur à haut risque, surtout pour ceux qui la créent dans des conditions toujours plus précaires. Mais les procédés mis au point par Tezuka et ses équipes dans un objectif d’économie vont aussi déboucher sur une nouvelle grammaire visuelle qui deviendra progressivement la signature esthétique de l’animation japonaise, à travers son interprétation spécifique par des animateurs et réalisateurs tels Yoshinori Kanada, Osamu Dezaki ou encore Hideaki Anno, et contribuant même, par le rejet que ses tendances maniéristes ont pu inspirer à des artistes tels Hayao Miyazaki, à les amener à proposer pour l’animation télévisée un contre-modèle qui lui donnera certains de ses plus grands chefs d’œuvres.
Antonin Bechler est maître de conférences au département d’études japonaises de l’université de Strasbourg. Ses recherches portent sur les représentations, discours et idéologies dans les productions narratives du Japon contemporain.